L’incidence des cas de VIH chez les enfants a diminué de 54 % entre 2010 et 2018, principalement grâce à une distribution gratuite croissante de traitements antirétroviraux aux femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH.
Mais, selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), cette dynamique s’est considérablement ralentie depuis deux ans, avec des lacunes particulièrement importantes en Afrique occidentale et centrale.
Ainsi en 2020, dans le Monde, 1,7 million d’enfants vivaient avec le VIH ; 46 % d’entre eux ne bénéficiaient d’aucun traitement spécifique nécessaire à leur survie. Cette même année, 150 000 nouvelles infections au VIH ont été recensées chez les enfants [1].
Des progrès importants ont été faits ces dernières années dans la mise à disposition de formes pédiatriques pour les antirétroviraux. Plusieurs nouvelles formulations adaptées aux enfants avec des schémas thérapeutiques recommandés par l’OMS sont en cours d’introduction, y compris des formulations pédiatriques contenant du dolutégravir déjà utilisé en France [1, 2].
Mais l’industrie pharmaceutique doit poursuivre ces efforts pour proposer des formes galéniques adaptées et au goût acceptable, pour les enfants.
Le plus grand nombre d’enfants vivant avec le VIH au monde, c’est en Afrique du Sud
L’Afrique du Sud a fait des progrès majeurs dans le traitement des adultes vivant avec le VIH, mais comme dans le reste de l’Afrique, les enfants séropositifs n’en ont pas le plus souvent bénéficié, en partie parce que les options de traitement n’étaient pas adaptées aux enfants.
Le pays compte, selon Thembisa*, 238 000 enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH, le nombre le plus élevé au monde [3].
Jusqu’à récemment, le seul traitement recommandé par l’OMS disponible pour les bébés et les très jeunes enfants en Afrique du Sud consistait en un sirop (lopinavir) contenant 40 % d’alcool et nécessitant une réfrigération. La formulation au goût amer était mal acceptée par les enfants, avec comme conséquence une mauvaise observance.
L’absence de réfrigération dans certains lieux empêchait de stocker les produits et rendait donc l’accès au traitement impossible.
Une combinaison de 4 antirétroviraux dans une gélule à goût sucré
L’Autorité sud-africaine de réglementation des produits de santé (SAHPRA) a approuvé une combinaison à dose fixe « 4 en 1 » spécialement conçue pour les nourrissons et les jeunes enfants. Elle comprend 4 antirétroviraux (ARV) (abacavir, lamivudine, lopinavir et ritonavir) réunis sous forme de granulés en une seule gélule.
Ce traitement combiné a été développé par Cipla Limited** et l’initiative à but non lucratif Drugs for Neglected Diseases (DNDi)** [4]. Il a été développé et enregistré avec le soutien financier de nombreuses organisations nationales et internationale dont l’Agence française de développement*** .
Cette combinaison « 4 en 1 » a un goût sucré ; elle est donc mieux acceptée par les nourrissons et les enfants. Elle peut être délivrée en saupoudrant les granulés sur des aliments mous comme de la bouillie ou en les dissolvant dans de l’eau ou du lait.
Elle ne nécessite pas de réfrigération permettant son stockage même dans des lieux isolés.
A noter que les 4 ARV contenus dans la combinaison « 4 en 1 » sont déjà recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un des traitements alternatifs de première intention pour les nourrissons et les jeunes enfants atteints du VIH.
Mettre fin au SIDA chez les enfants d’ici 2030
Le responsable du VIH DNDI souhaite qu’à la suite de la décision de la SAHPRA « toutes les mesures nécessaires soient prises, d’abord en Afrique du Sud, puis dans d’autres pays pour garantir l’accès le plus large possible à cette formulation optimale pour les jeunes enfants qui en ont besoin ».
L’OMS vient de créer une nouvelle alliance mondiale avec pour objectif mettre fin au sida chez les enfants d’ici à 2030 [5, 6]. L’utilisation de cette combinaison « 4 en 1 » sera un des outils permettant d’atteindre cet objectif.
* Thembisa est un modèle mathématique de l’épidémie de VIH en Afrique du Sud, conçu pour répondre aux questions politiques liées à la prévention et au traitement du VIH. C’est aussi un modèle de projection démographique et une source de statistiques démographiques. Thembisa » signifie » donner de l’espoir » en xhosa et en zoulou.
** DNDi est une Organisation de recherche et développement à but non lucratif, avec pour objectif principal de fournir de nouveaux traitements pour des maladies négligées (maladie de Chagas, trypanosomose humaine africaine, leishmaniose, infections filariennes, mycétome, VIH pédiatrique et hépatite C).
**Cipla est une société pharmaceutique mondiale axée essentiellement sur la production de génériques avec actuellement comme marchés nationaux l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Amérique du Nord et les principaux marchés réglementés et émergents. Elle dispose de 47 sites de fabrication dans le monde. Cipla fait aussi partie des acteurs génériques les plus distribués aux États-Unis.
*** Le traitement « 4 en 1 a été développé et enregistré avec le soutien financier d’Unitaid, de l’Agence française de développement, de l’Agence suisse pour le développement et la coopération, de Médecins Sans Frontières International, MSF Norvège, de la Fondation UBS Optimus, de la Coopération monégasque au développement de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement et d’autres fondations privées et particuliers.
Pr Dominique Baudon
RÉFÉRENCES
[1] <https://news.un.org/fr/story/2021/09/1104822>
[2] <https://www.has-sante.fr/jcms/p_3280958/fr/tivicay-dolutegravir-sodique-vih-pediatrique>
[3] https://www.thembisa.org
[4] Cipla and DNDi launch child-friendly 4-in-1 antiretroviral treatment for young children living with HIV in South Africa.
<https://dndi.org/press-releases/2022/cipla-dndi-launch-child-friendly-4-in-1-antiretroviral-treatment-young-children-hiv-south-africa/?utm_source=socialmedia&utm_medium=dndi-socialmedia&utm_campaign=4in1>
< http://www.cipla.com >
[5] <https://www.who.int/fr/news/item/02-08-2022-new-global-alliance-launched-to-end-aids-in-children-by-2030>
[6] https://www.unicef.org/fr/vih
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