De moins bonnes performances cognitives pour les prématurés (avant 34 semaines)

Le cerveau fœtal a un développement considérable au cours du 3e trimestre de la grossesse. Des études observationnelles ont suggéré une altération du développement cognitif chez des enfants nés prématurément, même lorsque la naissance survient seulement 2 à 3 semaines avant le terme. Toutefois, ces études ne tiennent pas compte des nombreux biais possibles.

Une nouvelle étude vient d’être publiée dans le British Medical Journal. Afin de préciser l’impact de l’âge gestationnel sur le potentiel cognitif à long terme, les données de 1,2 millions d’enfants danois ont été utilisées. Il en a été extrait une cohorte de 792 724 frères et sœurs dont les résultats scolaires en danois et en mathématiques au cours de la dernière année de scolarité obligatoire (15-16 ans) étaient disponibles. De plus, un sous-groupe a été constitué, incluant des adolescents de sexe masculin pour lesquels était disponible un test de QI, réalisé au moment de la conscription obligatoire.

Dans la totalité de la cohorte, 5,6 % des enfants étaient nés avant 37 semaines de grossesse. Après ajustement pour plusieurs facteurs confondants (genre, poids de naissance, malformations, âge des parents à la naissance, niveau scolaire des parents, nombre d’enfants) et pour les facteurs communs au sein des fratries, il apparaît que les enfants nés avant 34 semaines d’âge gestationnel connaissent quelques déficits cognitifs, en comparaison avec ceux nés à 41 semaines, avec un plus faible niveau moyen en langage écrit et en mathématiques.

Quelques points de QI en moins

Dans la sous-cohorte disposant de tests de QI, les adolescents nés à 32-33 semaines, 28-31 semaines, 27 semaines ou avant ont des résultats inférieurs de 2,4 points, 3,8 points et 4,2 points, en comparaison avec ceux nés à 40 semaines. Notons que les adolescents nés entre 34 et 39 semaines ont des performances moyennes sensiblement identiques à celles des enfants nés à terme.

Ces données soulignent l’impact négatif à long terme de la prématurité avant 34 semaines. Les auteurs remarquent toutefois que les capacités cognitives ne sont pas prédéterminées à la naissance, mais sont largement influencées par les conditions sociales et l’éducation. Des interventions précoces auprès des grands prématurés pourraient modifier cet impact négatif de la prématurité sur les fonctions cognitives.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES

Husby A. et coll. : Gestational age at birth and cognitive outcomes in adolescence: population based full sibling cohort study.
BMJ2023;380:e072779. doi: 10.1136/bmj-2022-072779

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