Intervention pour cryptorchidie, toujours un peu tard !

Les testicules non descendus et les ectopies testiculaires (absence de testicule dans les bourses ou descente arrêtée sur son trajet) ne sont pas rares, touchant, à la naissance, 1 % à 4,5 % des garçons à terme, et davantage parmi les prématurés. Les testicules non descendus migrent souvent durant les 6 premiers mois ; passé ce délai, la descente spontanée est rare. Les hommes avec une ectopie bilatérale ont une fertilité amoindrie et des études ont montré un impact positif d’une chirurgie précoce sur le compte des spermatozoïdes. De surcroît, le risque de cancer est nettement augmenté. Le but du traitement chirurgical est donc la préservation de la fertilité et la diminution du risque de cancer. L’âge de l’intervention a fait l’objet de recommandations européennes et américaines de la part des chirurgiens pédiatriques, entre 6 et 18 mois et même avant 12 mois en Allemagne

Des urologues pédiatres de Francfort et Brême de pratique publique et privée ont analysé l’impact de ces recommandations 10 ans après leur publication. Les bases du recensement concernant l’âge de l’intervention pour l’année 2019 ont été fournies par les statistiques des admissions publiques nationales de l’Institut de Rémunération des Hôpitaux et pour la pratique privée par l’Association des Chirurgiens Pédiatriques. Les données des admissions de tous les hôpitaux allemands ont été incluses et celles des chirurgiens privés ont rassemblé 48 structures.

Dans la pratique, peu d’interventions avant l’âge de 2 ans

En tout, 6 476 patients traités par orchidopexie ont été hospitalisés pour une durée moyenne de séjour de 1,5 jour et 3 255 enfants ont été opérés en privé. Dans le secteur public, l’absence de descente des testicules était unilatérale dans 58 % des cas, bilatérale dans 31 %, non spécifiée dans 8,3 % et une ectopie était en cause dans 3,4 % des cas. Dans le secteur privé, 81 % des patients avaient une forme unilatérale (51 % à gauche), 17 % bilatérale, 1,9 % non spécifiée. L’orchidopexie a été pratiquée par abord inguinal dans 90 % des cas à l’hôpital et 93 % en privé. Une exploration par laparoscopie a été faite pour 6,4 % des hospitalisés et 1,2 % en privé et une ablation testiculaire dans 3 % et 1 % des cas. Pour 15 % des hospitalisés et 5 % des patients traités en privé, les enfants avaient moins d’un an, entre un et 2 ans pour 40 % et 29 % respectivement. Tous les autres patients avaient 3 ans et plus, et même au total 18 % entre 5 et 9 ans, 18 % entre 10 et 14 ans et 11 % plus de 15 ans

En conclusion, 10 ans après la publication des recommandations, le taux des orchidopexies avant un an et entre 1 et 2 ans demeure bas. Il faut davantage attirer l’attention des pédiatres et généralistes sur le dépistage et la date des interventions dans ce domaine.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE

Schmedding A et coll. : Are we still too late? Timing of orchidopexy. Eur J Pediat., 2023;182:1221-1227. doi: 10.1007/s00431-022-04769-1.