On trouve souvent Haemophilus influenzae dans les otites de l’enfant

Publié le 07/09/2021

Haemophilus influenzae est responsable d’un large spectre de maladies en pédiatrie, allant des infections du tractus respiratoire aux formes invasives. Les Haemophilus comprennent 6 types capsulaires d’a → f, le b étant la souche la plus virulente, et des formes non encapsulées, donc non typables (NTHi). La vaccination a réduit considérablement les formes invasives et non invasives causées par le type b ; de fait, NTHi est responsable de la majorité des infections des enfants vaccinés. Les NTHi et d’autre part, les pneumocoques n’exprimant pas les sérotypes du vaccin sont à l’origine de la plupart des otites. Connaître la prévalence des infections à Haemophilus, leur type et sensibilité aux antibiotiques est important pour guider le traitement.
Dans ce but, une étude a été conduite à Rochester (USA) afin de déterminer la colonisation bactérienne au niveau du nasopharynx des enfants en bonne santé et au début des otites ainsi que dans le pus de l’oreille moyenne. Les prélèvements ont été recueillis en 2019-2020 chez des enfants de 6 à 30 mois lors de visites systématiques à 6, 9, 12, 15, 18, 24 et 30-36 mois. Le diagnostic d’otite était confirmé par tympanocentèse et recueil du pus. Les prélèvements naso-pharyngés ont été faits par l’instillation puis l’aspiration de 2 ml de sérum physiologique. L’isolement des H. influenzaeS pneumoniae et Moraxella catarrhalis s’est fait par les méthodes bactériologiques standard complétées par la recherche de l’ADN de l’Haemophilus (HI) sur tous les échantillons.

Fréquente résistance aux antibiotiques

Au total, 334 enfants ont été étudiés au cours de 611 visites systématiques et 130 dues à une otite à l’âge médian de 16 mois. Aucune différence liée à l’ethnie ou au sexe n’a été constatée dans le taux d’isolement de HI. La prévalence de l’HI était de 5,9 % (36/611) dans le nasopharynx des enfants sains et de 27 % (35/130) en cas d’otite ; dans le pus, l’HI a été isolé dans 43 % (30/70) des cas. Le taux des HI β-lactamase + dans le nasopharynx était de 42 % (15/36) parmi les souches collectées au cours des visites systématiques, de 34 % (12/35) en cas d’otite (P=0,63) mais aussi de 43 % (13/30) dans le pus des otites. Les cultures du pus des otites étaient négatives dans 33 cas mais l’ADN de l’HI a été mis en évidence par PCR dans 21 % de ces cas. Seulement 8 % des souches d’HI étaient encapsulées, dont 88 % de type f. Une résistance à ampicilline, triméthoprime-sulfaméthoxazole, érythromycine, clarythromycine a été trouvée dans plus de 25 % des isolats. La prise d’antibiotiques dans les 30 jours précédents a été identifiée comme un facteur de risque d’isolement de souche β-lactamase + (Odds Ratio 2,1). Aucune souche encapsulée (n = 8) n’était β-lactamase + ni résistante à l’ampicilline. Globalement, 9,2 % des isolats étaient β-lactamase négatifs et résistants à l’ampicilline.
En conclusion, la prévalence des Haemophilus dans le nasopharynx des enfants sains est très basse mais importante dans le pus des otites. Les Haemophilus non typables se retrouvent dans plus de 90 % des isolats. La production de β-lactamase et l’absence de sensibilité aux antibiotiques ne sont pas rares parmi les souches isolées du nasopharynx et du pus des otites.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE

Fugi N et coll. : Haemophilus influenzae prevalence, proportion of capsulated strains and antibiotic susceptibility during colonization and acute otitis media in children, 2019-2020. Pediatr Infect Dis J 2021; 40: 792-796.

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