Convulsions néonatales : la rapidité du traitement est critique…

Les convulsions ne sont pas exceptionnelles chez les nouveau-nés même à terme en raison de l’immaturité cérébrale. Il existe une grande variété de causes mais l’encéphalopathie hypoxique-ischémique demeure la principale en dépit de l’hypothermie thérapeutique. La reconnaissance des convulsions peut être difficile du fait de manifestations discrètes ou atypiques. Le traitement peut déterminer un découplage entre la clinique et le tracé de l’électroencéphalogramme aussi l’enregistrement sur 24 h est la règle d’or. Les convulsions sont souvent associées à une évolution neurologique défavorable. L’efficacité du traitement diminue avec le temps et l’absence de traitement contribue à aggraver les lésions cérébrales initiales.

Un travail multicentrique a analysé les données de 2 études de cohorte conduites dans 8 centres de soins intensifs européens en 2011-2017. Le but initial était de tester la faisabilité et l’efficacité de l’enregistrement continu par EEG pour le diagnostic des convulsions des nouveau-nés de 36-44 semaines. Les crises électriques ont été annotées par un de 4 neurophysiologistes ignorant l’histoire médicale. Les convulsions étaient définies par des ondes soudaines, stéréotypées durant un minimum de 10 sec. L’analyse a retenu uniquement les nourrissons qui avaient reçu un anticonvulsivant après la crise électrique suivie d’un tracé d’au moins 24 h. Ceux qui avaient été traités avant le tracé et ceux qui n’avaient pas été traités n’ont pas été retenus pour ne pas introduire un biais.

Durée et étendue des convulsions moindres avec un traitement dans l’heure

Cette analyse a examiné l’effet du traitement sur le tracé en fonction du délai d’administration de l’anticonvulsivant dans l’heure, 1 à 2 h et plus de 2 h après le début de la crise. Parmi 472 nouveau-nés recrutés, 154 (32,6 %) avaient eu des convulsions confirmées par l’EEG : 69 ont été traités exclusivement après le début des crises électriques : 21 dans l’heure suivant le début, 15 entre 1 h et 2 h après et 33 plus de 2 h plus tard. L’étendue des convulsions (durée en mn de toutes les convulsions) était significativement plus faible en cas de traitement anticonvulsivant dans l’heure : médiane 45 min vs 75 mn en cas de traitement plus de 2 h plus tard (P = 0,029). Le nombre total des convulsions était également moindre : médiane 23 vs 82 (P = 0,035). Au total, 258/472 nourrissons (54,7 %) ont reçu un traitement anticonvulsivant (phénobarbital 91 %) durant la période d’étude mais 40 sans convulsions électriques ont reçu le traitement exclusivement pendant l’enregistrement EEG et 11 avec des convulsions enregistrées n’ont reçu aucun traitement. Les facteurs de confusion potentiels, étiologie, gravité de l’encéphalopathie ischémique, hypothermie thérapeutique, âge de début de l’enregistrement et de la première convulsion n’étaient pas associés à l’horaire d’administration du traitement.  

En conclusion, le délai d’administration d’un anticonvulsivant parait un élément déterminant sur la durée des convulsions enregistrées par EEG.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE

Pavel AM et coll.: Neonatal seizure management: is the timing of treatment critical? J Pediatr., 2022; 243: 61-68.

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