Faux positifs de la RT-PCR, parlons-en !

Les faux négatifs des tests de dépistage de la Covid-19 par RT-PCR ont fait couler beaucoup d’encre. A juste titre, étant donné les conséquences que peuvent avoir les cas non dépistés, notamment en terme de propagation de l’épidémie. Mais qu’en est-il des faux positifs, dont les répercussions ne sont pas négligeables elles non plus : personnelles (sur la santé, entraînant par exemple le report d’un acte médical, financières si interruption du travail, psychologiques avec la crainte de contaminer l’entourage, etc.) et sociétales (dépenses, surestimation de l’incidence, décisions faussées, etc.).

Les faux positifs peuvent être liés à des problèmes techniques : contamination pendant le prélèvement (l’écouvillon peut par exemple toucher un gant ou une surface contaminés), contamination par la propagation d’amplicons, contamination du réactif ou contamination par un autre échantillon. Contrairement à une rumeur qui a circulé sur les réseaux sociaux récemment, le taux actuel des faux positifs n’est pas précisément connu. Au Royaume-Uni, une première estimation donnait un taux entre 0,8 % et 1 %, ce qui peut entacher la valeur prédictive positive du test.

Tenir compte de la probabilité que le patient soit infecté

Pour les auteurs d’un commentaire publié dans le Lancet, les tests de diagnostic devraient être interprétés en tenant compte de la probabilité pré-test de la maladie. Pour la Covid-19, cela signifie qu’il faut tenir compte des symptômes, de la notion d’une infection par le SARS-CoV-2 au cours de la « 1ère vague » ou de la présence d’anticorps, d’un contact éventuel et de la possibilité d’un autre diagnostic. Quand la probabilité de maladie pré-test est faible, le résultat positif doit être interprété avec prudence. Un cas de figure illustre les difficultés que peut poser l’interprétation d’un test positif : il s’agit du cas des personnes asymptomatiques, testées positives mais ayant déjà été testées positives plus tôt dans l’épidémie. La « trop » grande sensibilité des tests et la persistance au long cours d’ARN viral posent en effet question, car rien ne permet d’affirmer aujourd’hui à partir de quel taux d’ARN viral détecté par RT-PCR, il y a contagiosité.

Renforcer les contrôles de qualité

Les auteurs du commentaire suggèrent plusieurs mesures pour réduire le risque de faux positifs et en limiter les conséquences. La première est de renforcer les contrôles de qualité par le laboratoire, en répliquant par exemple à l’aveugle de petits nombres de tests, pour écarter rapidement ceux dont les performances ne sont pas optimales. La deuxième solution est de tenir compte de la probabilité pré-test, avec le développement de recommandations pour l’interprétation des résultats. Les auteurs proposent une mesure spécifique pour les professionnels de santé, avec un deuxième test immédiat pour tous les soignants dont le test se révèle positif.

Enfin, il est urgent de connaître la signification clinique et épidémiologique du portage viral prolongé et le rôle, dans la transmission de la maladie, des personnes en phase de guérison.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES

Surkova E et coll. : False-positive COVID-19 results: hidden problems and costs
Lancet Respir Med., 2020, Publication avancée en ligne le 29 Septembre doi.org/10.1016/S2213-2600(20)30453-7

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