Peu de visibilité sur les troubles neuro-visuels après une encéphalopathie néonatale

Publié le 18/08/2021

Les troubles neuro-visuels sont des dysfonctionnements visuels attribuables à une atteinte des voies optiques rétro-chiasmatiques. Ils englobent des diminutions de l’acuité visuelle, les amputations du champ visuel et la cécité corticale, les troubles de la motricité oculaire, et les difficultés à explorer l’espace et à reconnaître les objets. L’encéphalopathie hypoxique-ischémique [EHI] du nouveau-né à terme est une de leurs causes plausibles en pédiatrie, parce qu’elle lèse fréquemment des structures cruciales pour le développement visuel, les ganglions de la base, les thalami, le cortex occipital, les radiations optiques et/ou le cervelet.

Une revue systématique des troubles neuro-visuels après une EHI néonatale a été réalisée par E Nagy et coll. en suivant le protocole PRISMA (Preferred Reported Items for Systematic Reviews and Meta-analysis). Elle inclut 11 articles publiés en anglais de 1997 à 2018.

L’hétérogénéité des études n’a pas permis une méta-analyse des résultats.

Globalement 35 % des patients avec une EHI à terme seraient concernés

Un test ou un bilan visuel a été effectué dans six études : un essai randomisé sur le traitement par hypothermie de l’EHI, publié en 2014, et cinq études antérieures à ce traitement.

Globalement, 35 % des EHI à terme (100/283) présentent des troubles visuels, tels qu’une diminution de l’acuité visuelle, un nystagmus, une cécité corticale, des anomalies de déplacement du regard, des vices de réfraction…

Il n’est pas possible d’estimer l’incidence des troubles neuro-visuels. Dans une étude, les sujets ont été recrutés par les troubles visuels. Dans l’essai sur l’hypothermie, environ 10 % des patients testés (19/184) ont des troubles visuels à 6-7ans.

Il est difficile de se faire une idée exacte des types de troubles neuro-visuels et de leur fréquence relative. Les tests sont disparates, parfois peu fiables, le plus utilisé étant les potentiels évoqués visuels. Les âges au diagnostic vont de 6-8 semaines à 6-7 ans, ce qui fait qu’on ne peut exclure des retards de maturation.

Il n’a pas été recherché de corrélations entre les troubles neuro-visuels et la localisation des lésions cérébrales, la sévérité des EHI (en particulier, dans les formes modérées, dont le pronostic est le plus aléatoire), les autres séquelles des EHI (paralysies cérébrales, retard global de développement, épilepsie) qui peuvent perturber la capacité des patients à passer certains tests.

Outre les six études précitées, cinq essais randomisés sur le traitement des EHI par hypothermie signalent une malvoyance/une cécité chez 55 patients sur 1 081, sans plus de détails.

Au total, la revue systématique confirme le risque de troubles neuro-visuels après une EHI néonatale. Elle ne permet pas d’apprécier l’effet des traitements sur le pronostic visuel des EHI. Des études sont nécessaires pour préciser l’incidence et le types des troubles neuro-visuels à l’ère de l’hypothermie contrôlée. Elles devront utiliser des critères standardisés de diagnostic et de sévérité des EHI et des tests robustes et adaptés à l’âge pour évaluer la fonction visuelle des patients.

Dr Jean-Marc Retbi

RÉFÉRENCE

Nagy E et coll. : Disorders of vision in neonatal hypoxic-ischaemic encephalopathy : a systematic review. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2021 ; 106 : 357-362

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