Enfant avec convulsion fébrile : mais que font les parents ?

Les convulsions fébriles (CF) ont une incidence de 2 % à 5 %. Elles sont définies par l’existence d’une température > 38°, sans cause intracrânienne ni antécédent de convulsions apyrétiques ni désordre électrolytique et par l’âge entre 6 mois et 5 ans. Les causes les plus fréquentes de la fièvre sont les infections respiratoires et les gastro-entérites. Environ un tiers des cas récidivent. Une fièvre peu élevée au premier épisode augmente le risque de récidive ; les convulsions peuvent survenir durant une élévation ou une chute de la température et de ce fait être confondues avec une crise apyrétique. Les facteurs de risque de récidive sont l’âge inférieur à 15 mois, des antécédents familiaux de convulsions, des épisodes fébriles fréquents, des crises complexes focales, récidivantes dans les 24 h, un déficit postcritique. L’administration prophylactique d’un antipyrétique en cas de fièvre est inefficace pour prévenir la crise. Mettre un objet dans la bouche n’est pas recommandé. Le diazépam par voie rectale ou buccale ou le midazolam p.o ont une efficacité notable au cours des crises convulsives simples, généralisées, durant moins de 15 mn, sans déficit postcritique ni récidive. Les crises convulsives complexes à haut risque de récidive sont l’indication d’un traitement continu par valproate. Au total, ces situations engendrent chez les parents un haut niveau d’anxiété et il est important de savoir comment ils perçoivent la situation.

Une enquête par interviews des parents d’enfants atteints de CF ou non (groupe témoin) a été réalisée à l’Hôpital Universitaire de Rostock (Allemagne). Le questionnaire comportait 9 thèmes portant sur la prise de conscience d’une crise convulsive fébrile, le ressenti, la personne qui a avancé le diagnostic, ses conséquences, les comportements après la 1ère crise ou une récidive, l’information sur les CF des parents d’enfants atteints on non, sur les mesures à prendre en cas de CF, les conséquences négatives possibles, la préparation des parents face à une CF et les mesures nécessaires pour être prêts. Ces questions avec plusieurs réponses préétablies ont été posées aux parents d’enfants de 6 mois à 6 ans souffrants de CF (n = 65) ou non affectés (n = 54).

Un tiers des parents seulement réalise qu’il s’agit d’une convulsion fébrile

Dans le groupe CF, 21 parents /65 (32 %) ont répondu qu’ils ont pris conscience qu’il s’agissait d’une CF lors du premier épisode ; 41/65 (63 %) ont envisagé la situation différemment et ont évoqué épilepsie, 11/65 (17%) ou un malaise menaçant le pronostic vital (13/65 20 %) mais sans évoquer un diagnostic spécifique ; 3 parents n’ont pu répondre. Pour le suivi, 77 % des parents du groupe CF ont déclaré qu’ils observeraient leur enfant plus attentivement après la survenue de la 1ère crise et 63 % qu’ils donneraient des antipyrétiques plus tôt pour une température médiane de 38,2°. Dans le groupe CF, 62 % des parents ne connaissaient pas l’existence des convulsions fébriles avant le premier épisode de leur enfant contre 54 % du groupe contrôle (NS). Dans le groupe CF, 20 % des parents mettraient un objet solide dans la bouche d’un enfant convulsant vs 39 % dans le groupe contrôle (p = 0,030) et 92% administreraient un anticonvulsivant disponible vs 78 % du groupe contrôle (p = 0,019) ; 71 % craindraient une suffocation vs 70 % des contrôles.

Ainsi, seulement un tiers des parents ont réalisé que leur enfant avait une convulsion fébrile. Les connaissances des parents des enfants affectés ou non sont notoirement insuffisantes. Plus d’informations pourraient être diffusées sur le sujet dans les consultations.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE

Rice SA et coll. : Febrile seizures: perception and knowledge of parents of affected and unaffected children. Eur J Pediatr., 2022;181:1487-1495